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charles baudelaire

dide description, s’adresse à sa maîtresse, et termine par trois strophes inouies où l’amour, à force d’idéal cherché, s’exile de lui-même par delà la mort. Lisez plutôt ces délicatesses ineffables :


Et pourtant vous serez semblable à cette ordure,
À cette horrible infection,
Étoile de mes yeux, soleil de ma nature,
Vous, mon ange et ma passion !

Oui, telle vous serez, ô la reine des grâces,
Après les derniers sacrements,
Quand vous irez, sous l’herbe et les floraisons grasses,
Moisir parmi les ossements.

Alors, ô ma beauté ! dites à la vermine
Qui vous mangera de baisers
Que j’ai gardé la forme et l’essence divine
De mes amours décomposés.


Cela est le côté spiritualiste de l’amour dans notre poète. Le côté sensuel et même le côté bestial s’y trouvent indiqués avec le même talent ; néanmoins, on voudra bien me dispenser, pour des motifs que comprendront toutes mes lectrices « qui veulent être respectées », de citer à leur tour, comme l’exigeraient la symétrie et l’équité, des poèmes de