Page:Verlaine - Œuvres posthumes, Messein, II.djvu/173

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
163
souvenirs et promenades

Ah, vous n’y voyez pas clair… Je vais tirer les rideaux.

Et, sans attendre mon assentiment, la falote créature écarta les lourdes draperies… Un flot modéré de lumière décembrale me rendit possible, moyennant mes quatre-z-yeux (car moi aussi, je porte binocle), de lire une lettre où… je ne compris absolument rien : il s’y agissait de vastes tripotages, voilà tout ce que je pus déchiffrer dans ce grimoire d’ailleurs médiocrement orthographié.

Alors elle : — Hein, ce n’est pas mal pour un Italien ?

— … ? …

Et je me mis à relire en toute bonne foi (car tout arrive) la mystérieuse missive sans y voir plus clair dans la teneur.

Pendant ce temps, je sentais fixés sur moi, plongés plutôt, plantés, ces terribles verres de lorgnon, — et subito, l’étrange personnage :

— Tiens, vous avez donc laissé pousser votre barbe ?

Moi : — Mais voilà plus de trente au s que je la porte ainsi…

— Oh, oh, oh, oh ! Il y a erreur, ce n’est pas vous alors ?

— Vraisemblablement.

— Mille pardon, cher Monsieur… Verlaine,