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souvenirs et promenades

parle d’embellissements », toutes espèces de désagréments parmi les fades et les banals, par le fait seul des ambiances et des intrusions.

D’ailleurs, tout n’est pas mal dans les modifications apportées à la toilette de la bonne ville. Je vous passe la Bourse et l’hôtel des Postes, pour lesquels je professe une estime silencieuse. Mais n’y aurait-il que le Palais de Justice, à peine achevé, pour soutenir en quelque façon, ne fût-ce que colossale, en nos jours de mesquinerie prétentieuse, l’art moderne, que je le proclamerais bon et excellent parmi, je crois, toutes les tentatives en pierre, en fonte ou en brique de ces temps-ci, et qu’il n’est ni tour Eiffel, ni Halles Centrales, ni Sacré-Cœur, à lui comparable comme grandiose ou comme masse bien masse et bien voulue ainsi. C’est babélique et michelangesque avec du Piranèse… et un peu, peut-être, de folie, — de la bonne, ma foi, je pense bien. Extérieurement c’est un colosse, intérieurement c’est un monstre. Ça veut être immense, et ce l’est. Ça veut être terrible comme la Loi, sévère et nu somptueusement, et ce l’est ou c’est tout proche de l’être. Il y a là particulièrement une cour d’assises où, même en dehors de tout état de cause, je ne voudrais pas être condamné à mort, tant c’est noir de marbre, de velours et… de jour pour ainsi parler, tant il me semblerait