ô l’innocente malice, toute spirituelle et naïve tant ! assaisonnaient agréablement les mets plaisants et les vins gais…
Le Frère Supérieur était une figure remarquable entre toutes ces têtes intelligentes et fines dans leur réelle bonhomie d’ecclésiastiques, jeunes pour la plupart, ou d’une encore verte maturité. Lui, pouvait avoir la trentaine ; il était bel homme et sa large face, toujours rasée de frais, souriait d’aise et de bonne conscience. Il avait fait faire, pour approprier le château à son actuelle destination scolaire, de grands travaux intérieurs. L’aspect majestueux du dehors avait été scrupuleusement respecté par cet homme de goût, au fond ; et il trouvait, pour s’excuser de ce qui néanmoins lui apparaissait un peu comme un crime de lèse-architecture, cette excuse non maladroite : « J’ai dû faire mon petit Haussmann. » D’ailleurs, très lettré, cet « ignorantin », néanmoins trop attaché à notre grande littérature classique, au point, par exemple, de préférer Buffon à Chateaubriand.
Moi qui commençais — je pouvais alors être âgé de 15 à 17 ans — à préférer Hugo à Chateaubriand, et, en secret, à ne pas préférer, mais, dans un coin de mon cerveau, subordonner, pour certains cas, le premier à Baudelaire, je pestais un peu contre le cher Frère, et ne