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souvenirs et promenades

peu d’années, à moins que de plonger dans d’invraisemblables catacombes académiques et parlementaires qui nous feraient encore nous souvenir de notre toujours chère, mais parfois un peu lourde et gourde Patrie ès-lettres, sciences et beaux-arts du bout du Pont.

Et, définitivement, je suis un poète. Je n’en suis pas plus riche ni moins fier pour ça. Et figurez-vous que non seulement la poésie anglaise, la rivale pittoresque et rêveuse de notre poésie précise et psychologique, s’est réconciliée avec celle-ci, mais que les poètes, génies pourtant irritables, accueillent, aiment leurs confrères de ce côté-ci de l’eau et que je crois bien qu’on le leur rendrait ici, le cas échéant, moi, chétif, en tête.

Bref, Londres est gallophile comme Paris est anglomane. J’ai passé quelques jours là-bas et j’en ai rapporté l’amour profond, l’estime sans borne et la sympathie haletante et toujours prête pour ces braves gens et ces bonnes gens cordiaux sous leur air froid et — défaut national ! — excentriques jusqu’à vouloir bien, lors de leur concentration dans leur, à bon droit, aimée mère patrie, rapporter de longs voyages de mer et de terre, — et de lectures, — le goût des bonnes lettres continentales et la leçon bien appropriée par eux, chez eux, des us et cou-