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voyage en france par un français

même, sans percevoir le plus fugitif, le plus pâle éclair de sa torrentielle, de son éternelle clarté. Aussi, quels pitoyables mannequins, au point de vue même de la vraisemblance et de cette observation dont se pique tant toute son école, que les deux prêtres de Flaubert ! M. Bournisien surtout est, dans la force du terme technique, un personnage « raté ». Observez-le, après qu’il a reçu la confession (que l’auteur nous donne comme sincère) de Mme Bovary, lors de sa première chute et de sa première désillusion. Le dernier rustre de village, la première portière venue de Paris (ce monde-là se frotte plus ou moins au prêtre, de gré ou de force, et connaît le train moyen de ses habitudes, de ses démarches en tel ou tel cas) n’importe quel repris de justice ayant passé par les mains d’un aumônier quelconque, sait que le prêtre, surtout que ses fonctions appellent à une fréquentation assidue de son pénitent, suit ce dernier des yeux de l’âme, le surveille, fait de ses fautes une part de sa propre conscience, le conseille surabondamment, l’investit en quelque sorte, assiège son péché principal, en un mot remplit son devoir de prêtre immanquablement, absolument, intégralement parce que tel est son dogme, telle sa discipline et, plus que tout, telle sa foi. Or, que fait Bournisien, sinon de ne