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histoires

le Monde, un Figaro déjà ancien avec des signes au crayon bleu, le Bulletin du Diocèse et la Semaine religieuse de l’évêché suffragant sur une table ronde en noyer, proche laquelle l’abbé s’assit pour se mettre à pleurer à grands sanglots dans ses deux mains.

De quoi pouvait pleurer cet innocent magnifique du bon Dieu, cet ange sur terre et d’ailleurs heureux comme on peut l’être, puisque aimé, respecté, béni dans sa petite cure ? Ah ! voilà… un grand pressentiment de quelque chose d’affreux ? non ! mais d’une déréliction douloureuse (n’est-ce pas au fond quelque chose aussi d’affreux ?) venait de l’investir. Ces choses arrivent fréquemment, qui ne les a éprouvées ? Sinon des brutes qui encore ne se rendent pas compte ou ne se souviennent pas.

Et l’abbé Anne pleurait depuis une heure, depuis deux heures, quand trois coups frappés à la porte le firent se redresser, essuyer très vite ses yeux d’un coup de mouchoir, et :

— Entrez.

— C’est votre courrier.

Et la vieille servante déposa sur le coin de la cheminée, entre un journal et quelques lettres très probablement de pauvres, un grand pli que l’abbé reconnut pour provenir de l’Archevêché.

Il décacheta d’abord les autres missives, les