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L’ABBÉ ANNE


L’abbé Anne finissait une messe basse de semaine dans l’Octave de l’Annonciation. Il en était au dernières prières et se tenait à droite de l’autel, sa chasuble de soie blanche aux fins attributs d’or filé miroitant doucement dans le soleil, tamisé par l’une des profondes fenêtres du chœur de l’humble église. La haute taille du jeune curé, sa chevelure châtain-clair coupée rase que couronnait une large tonsure, ses longues mains nerveuses étendues selon le rite aux deux côtés du missel, son édifiante lenteur, eussent formé un spectacle net et simple, doux et fort, pour un observateur qui se fût trouvé parmi les rares fidèles pieusement absorbés par l’oraison d’actions de grâce, éparpillés dans les antiques bancs de chêne. L’Ite Missa est, puis le Benedicat vos prononcés à mi-voix assez énergiquement, celui--