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LA GOUTTE

Il était, de Paris, revenu au village qu’il avait quelques années habité en y faisant passablement de dépenses pour le mal plus encore que pour le bien, quoique celui-ci eût eu, il faut le reconnaître, large part encore dans son budget. À vrai dire, son retour était quelque peu dicté par un vice. Ô un vice ! Trop gros mot, vice, en bien des cas. Quoiqu’il en soit, après deux jours, sa poche était visiblement vide, ce qui fit que tout crédit lui fut refusé dans ce pays que sa prodigalité, bonne et mauvaise, avait, en somme, sinon enrichi, mis à l’aise. Un pauvre qu’il avait obligé lui donna l’asile d’une nuit dans la voiture où il vivait avec sa famille, voiture faite par lui-même de débris et que le mari et la femme tiraient quand la casse des tas de cailloux, la récolte de l’osier, la vente de paniers et de balais,