Page:Verlaine - Œuvres complètes, Vanier, V.djvu/487

Cette page a été validée par deux contributeurs.
475
les hommes d’aujourd'hui

d’un soleil « clère et beau, » qui ? sinon Theuriet lui-même, correct, de noir vêtu, ganté, en haut de forme, dans la société de dames, l’une d’un certain, âge, l’autre beaucoup plus jeune, en toilettes sobres. Ils paraissaient versés dans un entretien familial, et nous saluâmes silencieusement, non sans un sourire amical au poète, alors poète pur et simple (dites donc, n’est-ce pas, voyons ! assez et tout ce qu’il faut ?) et ayant déjà fait ses preuves par la publication de son Chemin des Bois, cette rencontre produisit sur nous un effet comme surnaturel, à la lettre. Le charme était rompu, ou plutôt le charme commençait. De frivoles et folâtres, nos pensées, sans y penser, se firent doucement sérieuses et comme recueillies. Le site cessa d’être un décor et prit l’aspect du ton de nos pensées, se fonça, se cuba devint non pas très, ni même peut-être encore assez tout à fait sauvage mais non loin d’être suffisamment sévère bien. La tête un peu faunesque mais affable de notre ami, sa tenue « habillée », l’extrême respectabilité de sa compagnie, disaient dans le meilleur français du monde : « Sylvæ sint consuls dignæ. » Lisez, si ce n’est, à votre éloge, déjà fait, les vers de Theuriet, tâche très agréable, croyez-le bien, et vous sentirez tout le juste de ce récit en forme d’apologue, bien que des plus authentiques.

Les bois, tels que les voit, les sent et les rend