Combien entendra-t-on de baisers sous la treille ?
Combien de nouveau-nés mordant leurs petits doigts,
Les bruns marins, penchés sur leurs femmes vermeilles.
Berceront-ils du pied devant leurs seuils étroits’ ?
De tout ce qui naîtra Dieu seul saura le nombre ;
Enfants, bourgeons, épis, rêves de joie ou d’ombre ;
Lui seul verra monter tous ces germes heureux
Comme des ouvriers qui reçoivent leur tâche.
Sans savoir pour quelle œuvre homme, forêts, et cieux.
Chacun, de leur côté, travaillant sans relâche :
Le maître qui les paye a su penser pour eux.
Printemps ! printemps ! printemps ! Oh ! la fille charmante !
Ses yeux, doux et mutins
et le récit part tout d’une haleine, en 3 chants d’un
peu plus de 220 vers chacun, assez mal soucieux
de la rime riche, il est vrai, mais supérieurement
rythmés dans une ampleur que ne gênent en rien la
césure presque toujours coupée à 6 et le manque
absolu d’enjambements. Non seulement un entrain
puissant, une couleur large et réjouissante, une conduite élégante et forte de la période font de ce
poème une œuvre d’art considérable, mais la distinction
de l’aristocratie de l’expression rachètent
avec usure ce que le fond y peut avoir de banal.
C’est l’éternelle histoire du génie tuant le bonheur.
À la fin du récit Dante et Ghiotto, ayant eu le glorieux tort de préférer la poésie et la peinture à leurs