Page:Verlaine - Œuvres complètes, Vanier, V.djvu/453

Cette page a été validée par deux contributeurs.
441
les hommes d’aujourd'hui

fraîchit, nous repose, va jusqu’à nous donner à réfléchir sur un mode délicieusement logique et clair. Car, de fait, tous ceux-là sont d’accord qui aiment sincèrement la Muse et qui lui obéissent. Les simples, ou ceux qu’il nous plaît d’appeler ainsi, pensent que peu de moyens suffisent à son culte : clarté, beau français, de l’élévation dans les idées et l’absolue sincérité, avec le seul tort, sans nul doute, de se servir d’une trop vieille rhétorique. Nous, les raffinés, ainsi, qu’ils croient exact de nous dénommer, nous voulons la pleine Clarté, obtenue par une langue impeccable au service du suprême de la pensée où qu’elle tende, et notre rhétorique sort journellement, tout armée, de nos fronts douloureux ; mais le but est le même, l’effort est analogue ; et qui sait ce que la postérité décidera quant aux prix à décerner ?

J’ai eu cette sensation d’un ami, depuis longtemps quitté de par les purs caprices du sort, soudainement rencontré et entretenu non sans un très délicat plaisir d’anecdote ancienne en relisant ces jours derniers l’œuvre poétique de Georges Lafenestre. Cette œuvre, réunie en un fort volume sous ce titre général d’Idylles et Chansons, comprend quatre recueils de courtes pièces détachées et un assez long poème, Pasquetta. Le premier en date desdits recueils est les Espérances qu’annonçait le beaucoup trop modeste joli sonnet suivant, qui fut célè-