Criez à l’exagération si vous voulez, mais ces
vers me sont une occasion pour, profitant de leur
tournure dantesque, c’est-à-dire simple et forte et
du nom sublime apparu, remarquer en passant
combien la manière de Lemoyne procède de Dante
très lu, sans imitation aucune, je m’empresse de le
dire, sans, par exemple, cette affectation qui parfois
irritait Baudelaire dans les choses italiennes de
Barbier (si admirablement lui-même dans les
Iambes qui dédaigne sans doute exprès ce Maître,
qui devait avoir ses justes raisons polémiques,
j’oserai dire opportunistes, pour certaines réticences
qui offusquent d’abord). Et la belle simplicité, la
correction non pédante, l’effet sans effort qui sont
la pure caractéristique du talent non point pédestre
certes, mais calme et si net de notre auteur, procèdent visiblement d’une pratique longue et assidue
du plus grand poète, avec Théroulde et Villon, du
moyen âge. Je donne cet avis à coup sûr, bien que
sans pouvoir m’appuyer sur un témoignage, car j’ai
très peu connu Lemoyne et ses entours et n’ai jamais eu l’occasion d’entendre parler de ces choses,
de ces parts.
Je m’aperçois que je suis en train d’analyser tout le petit volume qui fit mes chastes délices à l’âge où l’on est chaste en somme encore et que je viens de lire à nouveau à l’occasion de ce travail, dans une délicieuse sensation de revenez-y. Il faut bien