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les hommes d’aujourd'hui

rudes et fiers fragments, complètent cette œuvre déjà considérable, mais que l’âge, juste mûr, de l’auteur promet à nos fraternelles et orgueilleuses espérances de voir s’accroître dans les très grandioses proportions qui seules peuvent constituer le champ nécessaire, sévère et de plein air ! à ce vaste esprit si vigoureux.

Je me souviens aussi d’avoir entendu Ricard réciter de sa voix chaude et communicative, bien qu’à cette époque du moins, exclusivement parisienne, d’intonation sans rien du Midi, plusieurs scènes d’un drame en prose, la Fruitière, en cette belle prose dont les seuls poètes ont le secret, d’un drame poignant, sombre et profondément tendre. J’ai tout lieu de craindre que l’auteur si sévère, trop sévère, beaucoup trop sévère pour lui-même, n’ait jeté au panier cette chose tant frappante que je m’en souviens après plus de vingt ans.

Ricard promet, car il est un critique aussi acéré et subtil qu’un poète, un prosateur et un journaliste politique des meilleurs, — une étude sur le mouvement poétique et littéraire actuel dans ce qu’il a de plus actuel ; ce sera un curieux et bien édifiant spectacle que de voir juger nos déjà moins verts et encore jeunes Décadents (je n’emploie pas le mot Symbolistes ignorant ce qu’il signifie, sauf du truism, malgré toutes consciencieuses enquêtes et obligeantes informations) par ce grand Parnassien