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les hommes d’aujourd'hui

voulait bien réciter parfois des vers, ainsi que ses parents, poètes eux-mêmes. Quelques hommes politiques, d’ailleurs fort aimables et point trop bruyants (peut-être à cause qu’ils étaient en minorité) formaient comme une basse à ce concert de propos pour la plupart ailés. Ricard, la vivacité mais l’affabilité même, allait d’un groupe à l’autre, discutant tour à tour chaudement esthétique et révolution, sonnet estrambote et fédéralisme, le tout avec une conviction ardente qu’on ne pouvait qu’aimer à la folie, même si on ne le partageait pas.

Catulle Mendès a raconté très agréablement dans sa Légende du Parnasse Contemporain ces belles et bonnes soirées dont, avec sa conservation charmeuse, son élégance et les vers admirables qu’il disait d’une façon exquise, il était, de compagnie avec François Coppée, tout esprit et toute grâce aussi, l’un des plus aimables ornements.

La Guerre abolit ces réunions, tant de la rue de Douai que du boulevard des Batignolles, mais le Parnasse avait eu lieu, et une grande part du mérite revient à Ricard, fondateur et collaborateur. De superbes vers de lui sont à relire dans ces illustres livraisons, en même temps que Ciel, Rue et Foyer, un beau livre sévère, noble et charmant, paru presque simultanément, et dont l’auteur nous fait espérer une réédition qui coïncidera avec la publi-