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les hommes d’aujourd'hui

et ses sympathies étaient pour les idées premières de la Gironde ; Mme Roland, Barnave, se partageaient ses sympathies et c’étaient même entre lui et moi, plutôt hébertiste in illo tempore, des discussions où la seule haine des Jacobins nous trouvait d’accord. En outre, de nombreuses pièces de vers révélaient déjà l’impérieuse vocation du jeune homme vers l’art douloureux et sublime entre les arts. Ces essais, troubles et maladroits, brillaient par moments fréquents d’un éclat non sans profondeur où l’élégance qui devait plus tard former la principale, la princière grâce du talent souple et brillant, parure du beau génie délicat et fin du poète, avait sa prépondérante part.

Ce génie et ce talent devaient bientôt se manifester avec une magnifique autorité, tant par des fragments insérés au Parnasse Contemporain que par deux volumes bien à part dans la collection des œuvres poétiques qui suivirent le mouvement de 1867 ; j’entends parler des Vers dorés et des Noces corinthiennes. Une allure tendre, bien rare à ce moment de quelque tension parmi surtout les tenants de Leconte de Lisle, d’une certaine afféterie chez ceux de Banville et de plus ou moins de pose féroce et fantastique de la part des peut-être soit-disant hoirs de Baudelaire, si doux et si naturel au fond, signalait cet art correct sans recherche inutile, savant sans plus de pédantisme qu’il n’est