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les hommes d’aujourd'hui

teurs de ce temps, alors tous jeunes et à l’aurore de leur réputation. Il y fréquentait le plus souvent en compagnie de l’excellent Adolphe Racot, si malheureusement mort il y a quelques mois. Je ne tardais pas à me lier intimement avec lui et j’eus souvent des preuves de la délicatesse en quelque sorte et comme dit Sainte-Beuve quelque part, augustinienne, de l’affection qu’il rendait à celle que je lui portais en toute sincérité juvénile, mais solide et brave. Nous nous suivîmes pas à pas dans la vie et dans l’art ; à leur tour nous réunirent les soirées de Nina de Callias, gracieux fantôme qui hante bien des heures de notre ennui à beaucoup d’entre nous poètes, peintres et musiciens survivants. La guerre de 1870, celle plus cruelle de 1871, et leurs conséquences, dispersion d’un groupe jusque-là serré, le Parnasse Contemporain (j’entends une dizaine au plus d’entre les rédacteurs de ce recueil célèbre), par l’exil, les positions acquises ou un tas d’et caetera, me firent perdre France, que je n’ai plus revu depuis ces lointaines années, mais qu’à fidèlement applaudi dans ses si légitimes succès, mon admiration toujours accrue.

À l’époque dont j’ai parlé en premier lieu. France écrivait dans un curieux petit journal, le Chasseur bibliographe. Il eut là de précieux articles, tant de bibliographie, bien entendu, que d’histoire : un goût l’entraînait vers les origines de la Révolution