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les hommes d’aujourd'hui

dents. « DÉCADISME » est un mot de génie, une trouvaille amusante et qui restera dans l’histoire littéraire. Ce barbarisme est une merveilleuse enseigne, il est court, commode, à la main, handy, il sonne littéraire sans nulle pédanterie (mais « Symbolisme », hein ?), éloigne précisément l’idée abaissante de décadence, enfin fait balle et fera trou, je vous le dis encore une fois. Même Ghil (puisque je le tiens) alla plus loin, il asticota quelque peu Baju, le piquant de traits pas toujours charitables. Baju se conduisit très bien, ne répondit à ce poète (genus irritabile) qu’en douceur, même le saluant dans sa brochure, qui est d’ailleurs un modèle de mesure et de bon ton dans l’apologie, du juste titre de « jeune poète de génie » et rejetant les torts de son adversaire sur le seul « cœur humain ». On ne pouvait mieux faire en un meilleur dire. Il ne s’irrita que tout récemment, sur la lettre de Ghil au Figaro, datée de « l’exil des champs », où le « disciple de Mallarmé » protestait, là, vrai, des plus mal à propos et en termes tout à fait blessants pour des gens à travers Baju, contre son nom rappelé dans l’énumération des rédacteurs du Décadent. Et Baju a, je regrette bien et me réjouis fort de le dire, diablement raison encore dans sa tardive, mais combien rattrapant le temps perdu vivacité, pour parler un peu comme Ghil, en guise de moralité.

Quelques mots pour finir et pour un fait per-