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confessions

peu sommairement peint mais non des moins impressionnants pour des yeux sans préjugés comme les miens d’alors, sont, je crois, les premiers que j’aie sus par cœur. Au fond, ils en valent bien d’autres qui ont fait et font encore plus de bruit.

Au bout d’une huitaine de jours, le mobilier étant arrivé, nous émigrâmes aux Batignolles, quartier dès alors favori des militaires retraités. Mon père devait y retrouver et y faire beaucoup de camarades dans cette classe de braves et dignes gens, bons bourgeois sans l’affre et l’horreur d’Homais et de Prudhomme. Du premier ils n’ont rien, et s’il leur arrivait, par un malheur à ne pas craindre, d’employer le langage du second, ce serait alors littéralement et dès lors très plausiblement qu’ils pourraient dire que leur sabre fut le plus beau jour de leur vie !

Batignolles. Entrée rue Nollet (alors Saint-Louis), no 2, vue du premier par quatre fenêtres, sur la rue des Dames et la rue Lécluse. La rue Lécluse où je devais habiter plus tard, par deux fois, la rue où tu habites, mon vieux camarade Edmond Lepelletier, quand tu t’ennuies à Chatou, dans cette même maison et ce même appartement du no 3 qui te vit naître. « Naître, vivre et mourir (le plus tard possible) dans la même maison ! » Bonheur que tous n’auront