Fénéon et Kahn discutent ; très paisible, comme timide, Ghil affirme ; Huysmans sourit. Vanier circule, accueille, prie d’excuser, opine, tance un commis, vend, feuillette des manuscrits, lorgne une gravure : très pittoresque et vivant en diable le patron. Le magasin est en long ; un vaste bureau qu’orne une caisse de bonne augure luit doucement derrière une grille à guichets. C’est confortable et coquet. Eaux-fortes, aquarelles, bibelots japonais, caricatures ; et « que de livres, que de livres » chez ce libraire ! Des amateurs, dont plusieurs considérables, sont familiers de la maison. C’est des « mon Général » par-ci, « monsieur le Conseiller » par-là. Un bon coin de Paris bien réjouissant, et même consolant. Et pour finir le parallèle, une seule différence, si minime toutefois ! entre Lemerre et Vanier, c’est que celui-là est décoré, tandis qu’il est impossible que celui-ci ne le soit pas un jour.
J’ai dit plus haut que Vanier était écrivain à ses moments perdus. De lui, outre les choses énumérées plus haut, on a Les 28 jours d’un réserviste et l’Armée française, livres tout ronds, pleins de bonne humeur et de piquante observation. On lui attribue des vers. Je ne les ai jamais lus ni même vus. Ça, Vanier, c’est mal, bien mal. Enfin les Hommes d’aujourd’hui, qu’il dirige depuis quelques années, publient souvent, sous le nom de