ainsi qu’un goût très honorable et impérieux pour la haute littérature complètent la ressemblance entre les deux bons éditeurs. Maintenant, que l’un soit blond et l’autre brun, l’un grand et l’autre petit, l’un majestueux et lent comme un antique baron normand, l’autre vif et pétulant comme un pur enfant de Paris, peu importe, je crois, à l’histoire de la Librairie. Tous deux sont de bons patriotes et firent leur devoir en 1870-71, Même Vanier, alors sergent aux mobiles de la Seine, fut mis à l’ordre du jour et porté pour la médaille militaire. Il est encore lieutenant de l’armée territoriale après avoir été quelque temps porte-drapeau.
Son rez-de-chaussée, muni d’une spacieuse arrière-boutique, est le théâtre quotidien, comme autrefois l’entresol de Lemerre, de conférences au pied levé de omni re scibili et quibusdam aliis, et les conversations y sont aussi animées, intéressantes, souvent passionnées, que courtoises. Il y fait beau entendre Moréas réciter le sonnet des Conquérants de sa voix mordante et cuivrée qu’Heredia lui-même envierait… « Hors du charnier natal !… Que Cipango mûrit !… », beau et bon écouter quelque remarque subtile et incisive de Mallarmé. Survient Poictevin tout frémissant d’enthousiasme pour le rare et pour l’exquis dans le délicat et le beau. Verlaine passe et lance un mot plus doux qu’amer ; Du Plessys vibre, Luque dessine, Baju objecte,