Mais la tâche d’un biographe consciencieux est
sévère, et s’il n’a pas grand’chose à dire, il doit du
moins approfondir son sujet, le creuser, en dégager
de son mieux la morale, s’il y a lieu.
Un examen sommaire de l’unique Livre de M. Maurice Rollinat s’impose avant quelque jugement que ce soit à exprimer dans l’espèce.
Les Névroses sont un fort volume compact, mais imprimé en ces caractères un peu lourds, bien visibles en revanche, dont la maison Georges Charpentier a l’incontestable spécialité. Cet abord plaît de prime-saut et les pages lues succèdent aux pages lues, sans fatigue ni douleur pour le client. Même une sensation de tiède repos, de douce demi-sieste, vous induit jusqu’en le point-c’est-tout du confortable bouquin. Et pour peu que vous vouliez bien — seul sûr critère — vous mettre à la place des gens, vous allez avec moi vous rendre bien compte de l’agréable phénomène que je viens de signaler à votre compétence.
Baudelaire avait « créé dans le ciel de l’art un frisson nouveau », suivant une parole qui fut d’évangile dans une bouche trop souvent peu orthodoxe ; aussi, subissant le sort de tous les créateurs, passa-t-il inconnu presque et méconnu tout à fait en son temps, pour, il est vrai, ressusciter avec gloire parmi notre génération littéraire qui aura eu du moins cet énorme mérite entre mille gros torts.