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les hommes d’aujourd'hui

impeccablement inflexible, des pauvres attaques de quelques tristes impersonnalités de la plume à tant de sottises par jour, semaine, quinzaine et mois.

Un livre vaste qu’il prépare démontrera la vérité de ce que j’avance ici avec pleine certitude. Ce sera, j’écris ou plutôt je résume, pour ainsi dire, sous la dictée du profond souvenir de conversations anciennes et récentes avec le poète (voilà près de dix ans qu’il y travaille), ce sera un livre en maints tomes, un livre qui soit un livre architectural et prémédité et non un recueil ; l’explication orphique de la terre qui est le seul devoir du poète et le jeu littéraire par excellence, car le rythme même du poème, alors impersonnel et vivant jusque dans sa pagination, se juxtapose aux équations de ce rêve, ou ode.

Parallèlement à ce grand Essai, Mallarmé entend bien continuer, et en plusieurs séries, l’œuvre glorieusement commencé et sous le titre : d’Album de vers et de prose. Simple et dandy s’il en fut, réunir successivement ces merveilles de style, d’art plastique et musical, et qui nous sont si chers, si précieux à nous autres et à d’autres qui viennent ! Quant à ce que le poète appelle son Travail personnel, c’est-à-dire le Livre annoncé un peu plus haut, il entend le publier probablement anonyme, le texte, raisonne-t-il, y parlant de lui-même et sans voix d’auteur.