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IV

Quoi de plus à Metz ? Ma foi, plus grand’chose, en fin de compte. Mon père donna sa démission et en dépit d’une lettre très flatteuse du colonel Niel, la maintint, et, dès elle acceptée, le départ pour Paris de la famille fut décidé. Nous débarquâmes tous trois rue des Petites-Écuries, dans un appartement meublé pour y attendre l’expédition par le roulage, du mobilier assez considérable laissé à Metz. Le trajet en fiacre, depuis la gare ae l’Est, telle à peu près qu’elle est aujourd’hui ; en face, par exemple, au lieu de la longue et large perspective actuelle, une assez sordide vue de maisons lépreuses et d’abominables terrains vagues que continuait jusqu’à la Seine et au delà un dédale de rues étroites et terriblement encombrées me parut morose vraiment. Moi qui me figurais un Paris tout en or et en perles fines, qui m’en étais créé une Bagdad et un Visapour tels que ces cités mêmes n’ont jamais été, évidemment, car l’imagination des enfants est infinie quand elle s’y met et il y entre comme de la folie ! Et je voyais, moi sortant d’une ville froidement belle