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les hommes d’aujourd'hui

ô lecteur ! mais non encore ! La Mer de M. Richepin est une Bièvre sans rivages de grossièreté par-ci, de platitude par-là, de médiocrité partout. Du reste, l’insuccès absolu de cet ouvrage, j’entends l’insuccès auprès des vrais liseurs, puisqu’il est de foi que le Public ne s’occupe même pas de vers, ce cruel insuccès en dépit de réclames qui ont dû coûter au poète d’énormes sommes d’argent et d’amour-propre, a dû apprendre à M. Richepin qu’il ne suffit pas de rimer suffisamment pour être un poète, même suffisant, en admettant que ces mots suffisamment, suffisant, puissent ne pas être, eux aussi, de tristes blasphèmes, appliqués à cette chose non moins énorme que très rare et très divine, un Poète !

M. Richepin est tout jeune encore. Il n’a plus les soucis du pain quotidien ; il vit heureux dans son ménage et l’aurea mediocritas le caresse depuis belle lurette. Son talent d’écrivain en prose est incontestable. Qu’il l’emploie à des œuvres enfin vraiment fortes sinon tout à fait saines. Il a de l’esprit et de l’audace dans l’esprit, l’entregent ne lui manque pas, ni l’aplomb nécessaire non plus. Il peut relever sa réputation un peu déchue, il le doit ! Plus dorénavant de Gueux suspects, de Blasphèmes éventés, de Mer qu’on serait tenté de compléter par la particule mise en arrière ; — la prose évidemment l’appelle et le couronnera. Roman, drame,