Page:Verlaine - Œuvres complètes, Vanier, V.djvu/322

Cette page a été validée par deux contributeurs.
310
les hommes d’aujourd'hui

soirée d’orgueil, d’amour et de triomphe, et la nuit foudroya ce mage de l’Ether.

« Maintenant les cieux l’ont oublié ; sa vie ne peut plus en explorer les parages ennemis ; il est tombé à travers ses espérances perdues ; il ira s’ensevelir dans la dureté de son adieu. »

Ce drame d’Elën contient une scène des plus hardies : Un jeune étudiant s’est endormi sur un banc de mousse d’une charmille d’auberge ; Elën survient et le voit, puis le contemple ; il lui est tout à fait inconnu. Un caprice la prend et, dans un monologue étincelant où se trouvent des choses comme celles-ci : « S’il savait que j’étais là ?.., Hélas ! pauvre femme charmante ; il m’a vue sans doute, et me voir c’est me connaître pour ces enfants… Peut-être il ne me connaît pas, je suis folle… », elle résout d’avoir ce jeune homme pendant trois jours, sans lui dire son nom, et de s’en aller après, « pour, dit-elle, rester pure et respectée dans l’âme de quelqu’un sur la terre », et elle l’éveille d’un baiser sur le front.

SAMUEL.
Hein ? qu’est-ce ? (Après un profond silence.)
Oh ! comme vous êtes belle !
ELEN.
Voulez-vous venir avec moi, monsieur ?