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confessions

gauche au lieu de ce tas de croix sur les deux épaules !

Voilà pourtant ce que c’est que de manquer à sa véritable vocation !

Car de vocation vers la poésie, je ne crois pas que j’en eusse la moindre à ce moment. J’étais le plus pratique des êtres de ma taille, gourmand pas trop, paresseux juste au point, assez joueur, et qui dormait bien quand il n’avait pas trop gambadé ni bavardé dans la journée. Je n’ai jamais été mélancolique de ma vie. Ce n’était pas pour être taciturne d’habitude non plus que coutumièrement expansif in illo tempore. Bref un parfait petit bourgeois, un « équilibré » s’il en fut. On change !

Faut-il toutefois mettre au rang des symptômes qu’un psychologue pourrait découvrir dans l’espèce, une tendance à l’amativité que j’avais dès lors ? Il me semble que non, car le poète, même dans le sens le plus banal du mot, peut très bien n’avoir pas cette tendance-là. Sa lyre n’a pas sept cordes à son arc précisément pour rien. Donc, sans le moins du monde vouloir tirer aucune conclusion de la manière de petite idylle très authentique qui va suivre, je vais, tout bonnement pour m’amuser du ramentevoir et tacher de vous y intéresser, vous la raconter par le menu. Ce n’est pas la seule « histoire d’amour » que pourraient contenir ces Confessions (puisque l’on a empanaché mes simples « notes »