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les hommes d’aujourd'hui

monument. Entouré, admiré et vénéré d’une jeunesse fidèle, applaudi du public compétent, reconnu l’un des premiers d’entre les écrivains en vers de ce temps, la Gloire suprême vient à lui sous une forme inattendue.

Il avait plusieurs fois essayé sans succès d’entrer à l’Académie française. Je ne sais quelles plus ou moins mesquines considérations l’écartaient de tous les fauteuils vacants, quand Victor Hugo vint à mourir, et ce ne fut, même dans la presse qui lui avait été souvent dure et injuste, qu’une voix pour le désigner comme le seul successeur de celui à qui on venait de décerner des honneurs si extraordinaires.

En effet, Leconte de Lisle seul peut occuper ce fauteuil. La gravité de son œuvre, la grandeur de ses vues littéraires, sa vie sévère, sa tenue plus que correcte, exemplaire, ses mœurs véritablement académiques, l’appellent là.

L’Académie est l’objet de bien des risées, méritées parfois. Mais c’est l’Académie, on a beau dire, l’Académie française, grande fondation d’un grand homme, institution respectable et au fond respectée, même des railleurs, et littéraire par excellence ! De même qu’il y a des Ducs faits pour elle, ces Ducs,