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quinze jours en hollande

— Un mot de description ne nuira pas, je pense. Tout au bout de la salle s’élève une véritable tribune ; de la tablette de cette tribune tombe une chasuble rouge à croix jaune qui la cache entièrement. À droite et à gauche dans des chandeliers d’église brûlent quatre cierges dont deux ont des proportions de cierges pascals et les deux autres celles de cierges d’autel. Péladan que je connais un peu de Paris, apparaît de loin, en son habit noir à jabot et à manchettes, — bizarre mais d’une grande distinction sui generis. La voix est bonne, suigeneris aussi, grave, un peu faible. Il parle de magie, d’anges, de fils d’anges. Bref c’est le Péladan contestable, mais encore « talentueux ». Il descend de la tribune au bout de quelque temps pour se reposer, comme c’est la clémente coutume là-bas. Le public est indécis. Il faut bien dire qu’il est venu là un peu dans l’espoir de voir un excentrique, disons le mot, un grotesque. Une réaction dans le bon sens se prépare qui éclate en vifs applaudissements, quand dans la seconde partie, après avoir finement… et malicieusement de parti pris, parbleu ! parlé ou plutôt jasé des femmes, il s’éleva, se sublimifîa dans une sorte d’invocation cette fois presque tout à fait très chrétienne sans plus de magie que de droit pour un homme si infatué de cette véritable croyance sienne. Zilcken (j’ai dit qu’il m’avait accompagné) et moi nous descendons dans un local où Péladan,