C’est le jour de mon départ d’Amsterdam ; thé
matinal, départ à midi, Toorop en tête. Israëls est
en train de peindre dans la cour en bas deux types
bien curieux de femmes : une juive superbe, brune,
forte et brutalement vêtue de rouge et de noir — une
plantureuse Hollandaise frisottée, comme mignonne
dans la majesté de sa chair ferme que font ressortir
le corsage et la robe admirablement pris. Je voudrais
dire adieu au bon peintre et le charger de mes
remerciements affectueux à Witsen, mais Toorop
me dit que sans doute nous reviendrons un instant,
car le départ sera vers trois heures. Nous filons en
tramway, munis de ma valise et nous attablons
dans un restaurant non loin de la gare pour un très
long déjeuner. Peu à peu beaucoup de nos amis
viennent et s’attablent aussi.
Et nous finissons par atteindre l’heure. (Pas) « joyeux » voyageur, je gravis les degrés de la gare monumentale flanqué de ma « festivale escouade » et… grâce à Toorop qui va chercher quelque chose en ville nous manquons le train de trois heures. Celui de cinq que nous attendons « patiemment » au buffet nous entraîne, le retardataire et moi, dans la nuit, et la pluie battante, après de cordiaux et inoubliables « au revoir ».