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quinze jours en hollande

quartiers peu rassurants. Il y a en effet des canaux affreux, abandonnés au cours ou plutôt au long du stagnement desquels surplombent, se balancent, on dirait de sordides maisons tout de guingnois. C’est d’un vénitien pourri qui donne à grelotter. En revenant, devers le dîner et… la seconde conférence nous passons par une rue où des devants de boutiques sont clos seulement par de fantaisistes portières en telles étoffes que l’Orient ou même l’Occident peuvent procurer. De temps en temps ces portières se soulèvent et des scènes de volupté s’annoncent aux bourses modestes ou sans préjugé. Rendez-vous d’ouvriers, de marins.

Nous revoici enfin dans les quartiers « propres ». L’apéritif, le dîner, la conférence : celle-ci dans une salle moins grande, — et des applaudissements tout de même à la fin. Après, — o incredibile dictu ! — un souper, il pouvait être onze heures et demie, je dus rester sur les huîtres et sur les toasts auxquels je répondis d’une voix éraillée s’il en fut… Et nous repartîmes pour les quartiers « amusants ! »

La Nes, une longue rue étroite pleine de cafés-concerts et de petits bals avec repos…

Ça m’a paru triste, pas même ignoble de la sainte ignominie de Paris et je n’y fis pas long feu après un essai d’audition d’une « revue », « Amsterdam fin de siècle » mais c’était trop ennuyeux et je ne tardai pas à vouloir revenir à mon lit si bien gagné.