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quinze jours en hollande

les publics de conférence n’applaudissent pas. Mais quelle surprise m’attendait ! À mon entrée dans une salle très somptueuse, admirablement peuplée de dames, de jeunes gens et de quelques figures professorales, un peu renfrognées qui devaient se dérider un peu sur la fin, — à mon entrée, dis-je, dans la salle, tout le monde se leva. C’était raffiné, ça m’alla droit au cœur et ce fut plein d’une délicieuse émotion qu’ayant gravi les degrés de la tribune je rendis en trois saluts l’hommage vraiment délicat dont le pauvre conférencier en simple veston, boiteux, pas beau, venait d’être l’heureux, si heureux objet.

Après le petit « flourish » à propos des beautés architectoniques, de l’histoire illustre de la ville… et des vertus et qualités ou tout petits défauts de ses habitants des deux sexes, petit « flourish », coup de clairon, fioriture de trompette indispensable selon moi à tout conférencier-lecteur un peu poli parlant dans un pays étranger, plus indispensable, à mon sens, que l’habit noir et la cravate blanche si cruellement exigés à Paris et autres lieux et dont je me passais d’ailleurs sans scandaliser mes auditeurs qui se disaient peut-être (au fait !) « c’est sans doute la mode en France » (ô candeur !), après, dis-je, le salut poli, tout français du bon temps que je récitai de mon mieux, je prévins mon public que la première partie serait consacrée à l’analyse de