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quinze jours en hollande

passant que Rembrandt, d’ailleurs né à Leyde, dans un moulin, a logé ou est mort là. — Une voiture nous mène après un tour formidable où défile devant moi un Amsterdam varié à linfini, dans une taverne érigée en l’honneur de Rabelais, dont la trogne rit sur un panneau. Là nous retrouvons Toorop qui désormais ne nous quittera plus, et nombre de jeunes gens, étudiants et artistes, qui m’accueillent d’une façon inoubliablement charmante. Mais je pense à ma conférence. Bah ! comme au fond c’est la même que là-bas et que sur le pressant désir de l’auditoire, celle-ci devra surtout consister en citations de moi, rien de plus facile, on fera cela après dîner. — Déjà parler de dîner, bone Deus ! Nous tuons le temps en buvant moult et en fumant prou. Et l’on va tout de même dîner, à trois cette fois, dans le même établissement géant que le matin, dans la même claire salle à manger, toute trop blanc et or. Quel repas ! que d’huîtres ! (les Hollandais les mangent au citron et boivent indifféremment en les gobant du vin rouge ou blanc). — De bière « nationale » nulle trace. Il y en a pourtant, mais je n’en suis pas curieux, toute bière me grise très vite. Sans plus nous attarder à la moutarde, surtout après dîner, — nous pénétrons, après une petite course, dans un salon somptueux où le comité d’Amsterdam m’attend. Poignées de main, encore un coup de schiedam. Un étudiant me prévient qu’à Amsterdam