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confessions


vingt-huit ans, après avoir accompli tous mes devoirs civiques et sociaux en France et comme Français, et m’être, sans que rien m’y forçât que le patriotisme (la suite de ces notes le démontrera), mêlé, la guerre arrivée, à la défense nationale dans la mesure de mon possible, je dus, en 1872, opter à Londres, où m’avaient jeté les suites de la guerre sociale après la guerre civile et la guerre étrangère, en faveur de la nationalité… de ma naissance !

… Il y a des destinées vraiment. Mon père aussi qui s’était engagé (n’avait pas été requis) à seize ans dans les armées de Napoléon ler, qui avait fait campagne en 1814 et 1815, s’était vu obligé, après le 18 juin de cette dernière année, d’opter, pour continuer de servir sous nos drapeaux, sous prétexte qu’il était né. Français, dans ce département des Forêts que les traités imposés par le triomphe de la Sainte-Alliance enclavèrent de force, et bien de force ! dans le royaume improvisé des Pays-Bas et qui fait aujourd’hui partie de la province du Luxembourg belge.

Un homme d’esprit a dit qu’être né dans une écurie ne suffit pas pour être cheval. J’admets le mot pour l’étranger qui voit le jour en tel ou tel pays, au hasard d’un passage ou d’une mission de ses parents. Là ne fut jamais mon cas et c’est pourquoi cette émotion très réelle dont j’ai parlé et que je ressens toujours quand il est question, parfois