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quinze jours en hollande

— Ne pourriez-vous pas nous lire le Faune de Mallarmé bien posément, de façon à nous faire comprendre un peu mieux ce morceau ?

— À votre service. — Et l’on me mit aux mains la jolie plaquette que j’eusse préférée illustrée par Rops que par Manet.

— Ces derniers mots expriment bien mon idée qui est que le Faune est une idylle chaude comme braise exprimée en des vers d’une science, d’un plein, d’un concis — et d’un joli… troublants. Lire, même pour le très médiocre sinon tout à fait mauvais lecteur que je suis, lire ces quelques pages d’une infinie volupté, avec le ton complice et les coupes et les arrêts et les repos… révélateurs, c’était tâche impossible. C’eût fait scandale.

Et je pris ma voix la plus « blanche » pour réciter psalmodier plutôt, à la manière de Mallarmé lui-même, l’admirable poème… coquin ! Je crois avoir du moins bien dit ces vers impeccables qui savent tout énoncer et tout sous-entendre et cacher sous leurs ombres, — ici d’ailleurs bien transparentes et comme toutes pénétrées du… blackguard soleil ambiant.

Ma lecture eut quelque succès plutôt de politesse je le crois et je le dis sans mesquin regret, car je le conçois, des vers aussi faits et voulus ne peuvent qu’étonner quiconque n’est pas très initié, à plus forte raison un auditoire étranger quelque versé