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quinze jours en hollande

Ma seconde conférence fut bientôt mise en ordre. Je raccourcis de beaucoup l’éloge de tels et tels sans toutefois qu’une ligne principale y bronchât. Et nous allâmes en ville par le louageur. En route Mme  Zilcken et moi remarquâmes — ça devait être un dimanche — qu’il y avait beaucoup de militaires, la plupart beaux garçons, mais si jeunes ! Les gaillards, dans leurs capotes bleues, leur descendant jusqu’aux talons, le bonnet de police tout droit sur la tête, à la belge, n’étaient pas seuls le long du canal où mourait avec le couchant la beauté des grands arbres, mais tenaient par la taille de gentilles et dodues compatriotes.

Nous voici arrivés. On s’arrête au vestiaire. Mme  Zilcken qui la veille avait caché un œuf derrière un buste sur une armoire me délaie ça et j’avale la panacée.

Même salle qu’hier. Moins de public, mais des figures connues et sympathiques, et cette fois supprimant le salut à la Hollande et les compliments aux ’s Gravenhageois, j’entre immédiatement dans mon sujet. Je parle, pour changer, du vers libre ou blanc auquel je ne puis, peut-être à tort, m’habituer. À mon sens le vrai vers libre c’est celui de La Fontaine. Quant au vers blanc les essais sont innombrables — et malheureux. Il n’est pas jusqu’à ce Louis Bonaparte qui fut un bon roi autant qu’il le pouvait sous l’incessante surveillance parfois tatil-