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quinze jours en hollande

où il allait me servir Verwey « tout chaud, tout bouillant ».

Tenez, me dit Zilcken à qui j’en parlais, en me tendant un cahier déjà respectable de notes, voilà un « instantané » qu’un ami de lettres jetait là il y a quelque temps.

Je lus : « Albert Verwey. Moins de génie peut-être et plus de talent que Kloos, son aîné de six ans — a été l’élève, l’enfant en art et l’ami très intime de Kloos. Depuis… a publié en 1885 des vers d’une grande beauté et encore un « Van het leven », de la vie (dans le sens d’ex). En 1889 s’est retiré un peu. — Très précoce, à dix-sept ans il faisait un poème épique qui fit grand bruit « Perséphone » d’une forme rythmique extraordinaire.

« Verwey a été la force belliqueuse et vivante du mouvement. Il a fait du journalisme et de la polémique très brillants ».

Quelques instants après cette lecture faite, Verwey était là.

Le déjeuner eut lieu assez vite, car nous devions visiter le musée qui n’ouvre qu’à certaines heures. Retraite ordinaire dans l’atelier. Verwey avait un air comme inquiet, tournait tout autour de la vaste pièce, tâtonnant des objets sur la table, mâchonnant son cigare. À la fin il me dit — ou plutôt, tant il y mettait de discrétion et presque de timidité, me