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quinze jours en hollande

si intéressante communication, se leva de sa table et vint vers moi, se présentant. Nous nous serrâmes la main et je profitai des renseignements juste reçus pour lui parler de lui-même et de ses travaux. Il me répondit dans un français âpre mais correct, très gracieusement, mais presque en monosyllabes, et il ne fallut rien moins que l’arrivée auprès de moi de quelques-uns de ses camarades d’Amsterdam, francs buveurs et grands fumeurs pour dérider un peu cette tête noble à force de haute mélancolie…

Je sous-entends le nombre de petits et de grands verres bus, de petits gâteaux secs croqués, de nourritures froides absorbées et de cigares fumés. La conversation était devenue générale, les dames, enfin ! s’en mêlant.

Mais l’heure marche et demain ne sera pas un jour de repos. Le louageur opère encore et, vers deux heures du matin votre serviteur, désormais émancipé « orateur » ronflait à poing fermé.

Le lendemain matin je me levai très tard et descendis presque au moment du déjeuner à la fourchette. Verwey — qui ne demeure pas à La Haye et s’était gentiment déplacé pour moi — était prié, — et cette circonstance me remit immédiatement en mémoire ma conversation de la veille avec ce monsieur si bien informé touchant les littérateurs hollandais, conversation interrompue juste au moment