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quinze jours en hollande


Je monte sur l’estrade, et n’ayant pas ma conférence sur moi, néanmoins pour éprouver la sonorité, je lis, assis, un paragraphe du Gil Blas à peu près conçu en ces termes :

« Remarqué parmi nos plus élégantes demi-mondaines, Berthe d’Égreville, Marion Delorme, Clémence de Pibrac, Léona Bindler… »

— Ô Calvin, ô Frédéric Passy, ô Jules Simon, ô désormais immortel Monsieur le Sénateur Bérenger.


« Que dites-vous de ce bandit »


qui vient réveiller ces chastes échos de noms trop charmants !

La voix est faible. Il est vrai, pour ma décharge vis-à-vis des Saints plus haut cités, que l’enthousiasme nécessaire me manquait dans cette galante énumération, mais l’acoustique est bonne.

Toutes dispositions pour huit heures et demie du soir sont prises — et nous faisons un tour de ville.

Jolie comme tout, la ville : maisons flamandes cette fois, beaux magasins, une propreté… néerlandaise. Le petit pavé de brique est très doux au pied et gai à l’œil. Peu de monuments : un hôtel de ville tout petit, très coquet, commencement de la Renaissance, avec un carillon charmant. (On trouve ici moins qu’en Belgique dans les édifices municipaux, la bretèque ou tribune aux harangues.) Un palais