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quinze jours en hollande

riblement en brosse, ce Verwey. C’est même ce qu’il a de plus terrible dans sa physionomie de vraie bonté presque enfantine. D’ailleurs il est fort jeune, trente ans tout au plus, qu’il ne paraît pas.

Mlle Renée est pleine de grâce, le « patron » nerveux en diable, nous tous très gais, et pour accompagner notre appétit en goguette, ô une goguette que respectable ! voilà qu’un serin, un serin de Hollande ! nous lance ses trilles les mieux réussis et ses piau piau les plus gentils…

Après le déjeuner, le café au salon. Une bonne heure de flemme entretenue par de ces cigares bataviens ou javanais dont il ne faudrait pas fumer par trop sous peine de maux de tôte — surtout quand joints, comme fréquemment en ce pays de têtes froides, et c’est bien ce qui sauve ces braves Néerlandais, à quelques amers-Schiedam, par exemple. Mais un bon Français de France, allez voir ça… Aussi m’abstiens-je… le plus souvent possible, vraiment, tout le temps de mon séjour. Autrement,


Lugete veneres cupidinesque,


qu’en seraient devenues, et comme auraient été mes conférences ?…

Retour en l’atelier où dernière main à la chose de ce soir sous l’œil sournois de quelque encore machine à instantanés vaguement braquée.