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quinze jours en hollande


C’est encore un complice d’hier soir, Toorop peintre symboliste (bien et très bien). Il est accompagné d’Albert Verwey, un poète de haut renom en Hollande, de qui j’aurai l’occasion de reparler ici même en détail.

Prévoyant le sort délinéatoire, si j’ose risquer ce mot, qui m’attend encore avec Toorop, Toorop, un superbe Javanais brun de teint aux yeux sombres extraordinairement doux, à la barbe épaisse et molle, bleue à force d’être noire… Je me remets à l’ouvrage.

— « Non, Mesdames, non, Messieurs, l’École Romane dont je ne suis pas l’apôtre, Dieu m’en garde ! n’est pas la chose ridicule qu’on croit à distance. Moréas fait le vers mieux que quiconque et sait mettre dans ses rythmes autre chose que du vent harmonieux. Quant à ses « disciples » ils ont tous les cinq du talent qui va s’originalisant. Pour la formule de cette école… Une bonne frappe et entre, dois-je dire heureusement ? — je le dis — annonçant que « Madame est servie ».

Nous nous asseyons devant une table bien mise à laquelle nous faisons honneur. J’oublie du coup ma conférence et je suis tout aux dames, causant à Mme  Zilcken et à sa mère, Bruxelles, Paris, dentelles surtout ; de temps en temps je parle à Verwey qui s’exprime assez difficilement dans notre langue qu’il connaît d’ailleurs à fond. Tout en cheveux ter-