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quinze jours en hollande

et sonnent par deux fois l’heure, simultanément avec une pendule moderne du meilleur goût. Nous passons au Salon pour y fumer et de là mon regard embrasse un paysage nouveau.

Juste en face de la porte d’entrée d’Hélène-Villa, de l’autre côté d’un canal de médiocre largeur, le palais royal d’hiver vu de derrière : il n’est pas beau ce palais. De grosses constructions en briques rouges, un dôme cocasse avec un cadran solaire rond en façade. C’est là que la petite reine des Pays-Bas vient patiner chaque hiver.

Par exemple ce qui est beau c’est l’immense parc composé des arbres les plus centenaires, en cette saison tout rouge et or sous le soleil encore bon d’un commencement très clément de Novembre.

La légende veut que Voltaire ait promené parmi les mystérieux ombrages de ce bois des soucis et des ivresses auxquelles la philosophie prenaient peu de part…

Nous passons ensuite dans l’atelier, un atelier amusant au possible. Aucune toile d’ailleurs. Le maître a envoyé toute son œuvre à une grande exposition à Amsterdam. Je regarde avec curiosité la bibliothèque consistant en quelques Goncourt, deux ou trois Villiers de l’Isle-Adam, quantité d’ouvrages techniques, des Barbey d’Aurevilly, des Joséphin Péladan, deux ou trois Léon Bloy et… quelques Verlaine, plus une collection infinie de chaussures