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quinze jours en hollande

aussi bien du chocolat que de la terre vraiment par trop cuite et comme qui dirait rissolée.

Dans les diverses transactions parlées auxquelles il me faut me livrer en vue de la commande et du paiement dudit déjeuner portatif, comme d’ailleurs dans la phrase ci-dessus, de ce douanier glabre, je retrouve après quelque dix-sept ans, le belge, je veux dire le langage belge, étrange français, trop, beaucoup trop moqué chez nous seuls, parisiens, parmi les français, notons le fait en passant.

D’où, philologues, expliquez-nous un peu d’où viennent, par exemple, ces bizarres ellipses, viens tu avec, ces explétifs, pour une fois, sais-tu ? Ces sautes de personnes es verbes, Tournez-vous un peu, mon capitaine, que je te brosse dans le dos, d’où, encore, tant d’etcœtera de locutions dont je suis loin de rire, car de même qu’à mes yeux la Belgique (wallone) n’est qu’un groupe de départements pris à nous par un tragique traité peut-être indispensable à l’équilibre européen — quel équilibre, — hein ? — dès ce 1870 de malheur et depuis ! de même toujours à mes yeux qui, je crois, ont parfaitement raison ici, le belge ne serait-il pas bonnement un français de terroir non sans ses saveurs particulières et ses tours très souvent pour ne pas dire plus, gentiment naïf ou joliment narquois ?

Mais ne me voilà-t-il pas en flagrant délit encore de digression ? Bah ! vous m’excuserez, n’est-ce pas ?