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II

J’oublie le nom de la station où opère la douane belge. Quinze minutes d’arrêt pour la visite des bagages. Les voyageurs porteurs d’une simple valise, ce qui est mon cas, n’ont pas besoin de descendre. Un douanier vieux, rasé, sombre uniforme, monte dans mon coupé et me demande :

— Vous n’avez rien de neuf ?

— ?…

Sur ma réponse un peu tardive, négative ou plutôt confirmative, le digne homme trace à la craie un de ces signes cabalistiques qui signifient dans ce genre de sténographie, visité, ou laisser passer ou quelque chose comme ça, évidemment. Ô ésotérisme, ô administration… internationaux !

Et je profite du temps qui me reste pour me commander un déjeuner portatif, au buffet. Comme tous les autres, ce buffet, avec cette seule note originale d’un buste très haut placé du roi Léopold II, longue tète chevaline, triste et distinguée, émergeant d’un col de tunique brodé d’or entre des épaulettes de général de division, — en quelque chose qui serait