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quinze jours en hollande

mange « des tarteinnes » de « bûr » et gratte ses cheveux filasses, — ou très noirs, car c’est la terre


« Où s’assirent longtemps les ferventes Castilles ».


Et à propos de ces Espagnols, nos hôtes forcés de plusieurs siècles, saluons, au seuil de la patrie, ces plaines jamais assez glorieuses et si douloureuses où devait, après quels efforts héroïques, succomber à quatre et cinq et six générations de distance, le courage français surmené jusqu’à la folie, l’honneur, toutefois, point ! Salut une dernière fois, Saint-Quentin qui, parallèlement à notre Buzenval parisien, entendit les dernières foudres de cet orage, l’exécrable guerre de soixante-dix soixante et onze !

Rien de remarquable jusqu’à la frontière belge que l’insignifiance de ce détail des poteaux télégraphiques non plus par longues perches, mais dédoublés en cône et inclinés en arrière. On dirait cette fois des jambes de géants ivres très secs qui pirouettent et vont tomber. Ces titubants compagnons doivent m’accompagner jusqu’à La Haye et un peu plus tard à Leyde et à Amsterdam.