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quinze jours en hollande

d’acajou relevées au juste moment pour déjeuner ou dîner, etc.

Inutile, n’est-ce pas ? de vous dépeindre le triste paysage des environs de Paris, Saint-Denis excepté, avec son abbatiale jadis royale, toujours divine, et ses îles très passablement jolies en été, mais en cet automne qui décline, mornes à l’infini. Puis des fabriques de je ne sais quoi, les baraquements, cahuttes, masures, ruines, à quel usage ? Un peu de sérénité paysanne s’ensuit après quelque vingt minutes d’une vitesse encore médiocre. De vraies terres labourées, des arbres authentiques viennent au-devant, filent et tournent derrière pour faire place au bout d’une heure environ, à la gare de Creil tout environnée d’usines d’un genre nouveau jusqu’à présent sur la ligne, faïenceries, chaudronneries, machines épuratoires et désinfectants, je crois, au milieu d’une campagne presque tolérable.

Et, dès Creil quitté, le train roule à toutes roues jusqu’à Saint-Quentin : les paysages successifs qu’estompe la brume de la saison passent, passent indifférents comme dans un rêve ni bon ni mauvais, tandis que les fils du télégraphe s’abaissent et montent réciproquement et que les poteaux garnis de godets en guise de bourdons semblent de maigres capucins de cartes très grands. Et le panache blanc de la locomotive, seul panache, à parler généralement, mais si beau ! de notre civilisation rabotée, se