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confessions

président du conseil municipal de Paris, — noirs de poussière et de poudre, qui sortaient d’une barricade toute voisine et me demandaient asile.

Naturellement je les introduisis chez moi et nous commençâmes la crémation des bandes de pantalons, la destruction également par le feu des képis, par le jet dans les latrines des boutons de fer-blanc, et autres précautions contre une perquisition probable. D’armes et de cartouches, plus question ; ils les avaient jetées en chemin.

Défaite complète, me dirent-ils. Dans quelques heures les Versaillais occuperont le quartier…

Nous mangeons de grand appétit, eux surtout, servis par la bonne remontée sur mes pas, que nous plaisantâmes sur ses craintes et qui parut plus tranquille désormais. Moi, cette soudaine visite d’amis chers mais présents me contrariait un peu, étant donné les vues dont j’ai parlé plus haut, — mais l’hospitalité, dans des circonstances pareilles, primait tout, n’est-ce pas ?

Vers dix, onze heures, nous perçûmes distinctement la fusillade qui s’approchait. Un bruit sec et roulant de moulin : le tic tac, vraiment… Et du balcon nous assistâmes au déploiement en bon ordre du bataillon des vengeurs de Flourens (Florence, prononçaient les gens de la rue, de même qu’ils disaient Félixe Pyat et Paschale Grousset), gamins dans les quinze, seize ans, vêtus en chasseurs à