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confessions


Entendez-vous, c’est le tambour
         De la gard’ nationale,
         De la gard’ nationale.


Là, un escogriffe mi-sous-off, mi souteneur dans le civil, muni d’un grand sabre et coiffé d’un képi monstrueusement galonné, chef d’une barricade en érection, me mit un revolver sur la tempe m’intimant de rebrousser chemin, en dépit de la carte de circulation timbrée de la Commune de Paris que je lui présentais. — « J’emmerde la Commune et vous, et filez vite d’où vous venez, ou… » Devant le quos ego de ce Cambronne au rabais, je rétrogradai en effet et essayai à plusieurs reprises de « forcer les lignes ». Partout le même insuccès découronna et finit par décourager mes efforts. Je rentrai rue du Cardinal-Lemoine. La concierge m’aborda par ces mots qui me stupéfièrent en même temps que ma bonne tapie au fond de la loge claquait, on eût dit, des dents en me regardant comme on implorerait un Zeus Sôter :

— Monsieur, il y a deux gardes nationaux sur votre palier qui vous attendent.

— Ils n’ont rien dit ?

— Que votre nom, et s’annonçant comme de vos amis, mais ils ont une mine…

Quatre à quatre je grimpai et me trouvai en face de mon ami Edmond Lepelletier, le publiciste bien connu et Émile Richard, mort, longtemps après,