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XV

La nuit nuptiale ? — Elle fut tout ce que je m’en étais promis, j’ose dire tout ce que nous nous en promettions, elle et moi, car il y eut dans ces divines heures autant de délicatesse de ma part et de pudeur de la sienne que de passion réelle, ardente, des deux côtés. Elle fut, cette nuit, sans pair dans ma vie et, j’en réponds, dans la sienne, dans toute la sienne ! Elle fut suivie de maintes autres nuits consécutives qui constituent peutrètre le meilleur de mes souvenirs dans cet ordre de sentiments — car j’ai beaucoup aimé dans ma vie, beaucoup trop ? eh bien, non ! décidément non ! Et l’amour, voyez-vous, croyez-m’en plutôt que de m’en blâmer d’avance, c’est sinon le tout, ah ! du moins le presque tout, le mobile quasiment unique de toutes les actions dignes de ce nom, et ne me parlez pas d’autre chose, ambition, lucre, gloire ! tout au plus peut-être de l’Art. Et encore, et encore, l’Art, tout seul ?…

Quoi qu’il en soit, une semaine se passa dans la maison de la rue Nicolet puis une autre et quelques