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confessions

circonstance, et, finalement, à la question double, but de tout ce remue-ménage.

« Consentez-vous à prendre pour épouse Mademoiselle une telle ? consentez-vous à prendre pour époux Monsieur X ?… »

Il fut répondu « à haute et intelligible voix » de part et d’autre, je vous en réponds.

Le mariage religieux qui prit place un quart d’heure après en l’église Notre-Dame de Clignancourt, m’importait peu — et dirai-je qu’il importait peu à ma « femme » ? laquelle, en dépit du vernis que les bienséances sociales exigeaient encore en ces ères reculées, n’était guère plus croyante que moi ni que ses parents…


Et Dieu ? Tel est le siècle, ils n’y pensèrent pas.


La seule, mais qui m’est bonne, particularité de cette dernière cérémonie consista en la présence à la sacristie de Mlle Louise Michel, qui dans ce temps-là vivait de leçons en ville et en avait donné quelques-unes à ma femme. Elle n’osa, me dit-on après, en m’apprenant sa présence à la sacristie, car je ne la connaissais pas de traits, m’aborder pour me congratuler comme c’est l’usage, mais remit à ma femme quelques vers où elle nous engageait à rester de bons citoyens s’appliquant à en procréer et à en former d’autres. Grand, naïf, trop bon cœur,